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Vivre à l’étranger à la retraite : destinations, fiscalité, sécurité sociale, formalités

Vivre à l’étranger à la retraite : destinations, fiscalité, sécurité sociale, formalités

De plus en plus de retraités français choisissent de passer leur retraite à l’étranger. Coût de la vie plus bas, climat plus clément, cadre de vie agréable : les raisons sont nombreuses. Mais une expatriation même temporaire ne s’improvise pas. Il faut examiner avec précision la fiscalité applicable, la couverture santé, les conditions de résidence, les obligations administratives, et les conséquences sur la retraite.

Choisir la destination : les critères objectifs

Le choix d’un pays dépend de plusieurs facteurs pratiques : climat, coût de la vie, niveau de sécurité, accessibilité des soins, infrastructures pour les seniors, stabilité politique, facilité d’intégration.

Les destinations les plus fréquentes des retraités français sont :

  • Portugal : avantage fiscal jusqu’en 2023 (non renouvelé), coût de la vie modéré, climat doux, proximité géographique.
  • Espagne : fiscalité classique mais stable, système de santé de qualité, fort ancrage d’expatriés francophones.
  • Maroc : conventions fiscales avantageuses, coût de la vie faible, cadre culturel francophone.
  • Thaïlande : vie peu chère, cliniques modernes, climat tropical, mais aucune convention de sécurité sociale.
  • Italie : fiscalité régionale à connaître, conditions de résidence strictes, mais accueil favorable aux retraités étrangers dans certaines régions.
  • Tunisie : exonérations fiscales possibles, présence médicale francophone, attention à l’instabilité politique.

Pour les destinations hors Europe, les contraintes sanitaires, les frais de couverture santé privée et les risques géopolitiques doivent être étudiés en détail.

Fiscalité de la retraite à l’étranger

La fiscalité des pensions dépend :

  • de l’existence d’une convention fiscale bilatérale entre la France et le pays de résidence,
  • du type de pension perçue (publique ou privée),
  • du statut fiscal déclaré par le retraité (résident ou non-résident en France).

En règle générale :

  • Les pensions du secteur privé sont imposées dans le pays de résidence si une convention existe.
  • Les pensions de la fonction publique restent imposables en France, même si vous vivez à l’étranger.
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Il faut consulter la convention fiscale entre la France et le pays choisi pour éviter la double imposition. La liste complète est disponible sur le site des impôts.

Les retraités restent redevables de la CSG/CRDS si affiliés à la Sécurité sociale française, sauf s’ils relèvent du régime local ou d’une assurance privée à l’étranger.

Une adresse fiscale étrangère doit être déclarée à l’administration via le formulaire 2042-NR.

Pour les non-résidents, certains revenus de source française restent imposés en France à un taux minimum de 20 % (pensions publiques, revenus fonciers…).

Paiement et revalorisation des pensions à l’étranger

Il est tout à fait possible de toucher sa retraite française à l’étranger. Il suffit de :

  • fournir une adresse postale à l’étranger à ses caisses de retraite,
  • transmettre régulièrement un certificat de vie (tous les 12 mois) aux caisses,
  • disposer d’un compte bancaire en France ou à l’international (zone SEPA ou non).

Depuis 2019, la plateforme « Mes démarches retraite » permet de transmettre en ligne un certificat de vie unique pour toutes les caisses (Cnav, Agirc-Arrco, MSA, etc.).

Les pensions sont revalorisées chaque année selon les règles françaises, même en cas de résidence à l’étranger.

Couverture santé hors de France

En Europe, la carte européenne d’assurance maladie (CEAM) permet un accès aux soins publics dans le pays de résidence ou en déplacement temporaire.

Pour les retraités installés dans l’Union européenne ou en Suisse, il est possible d’être pris en charge via le formulaire S1 :

  • Délivré par la CPAM,
  • Donne droit à l’inscription dans le système de santé local avec prise en charge par la France.
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Hors Europe, aucune couverture automatique n’est garantie. Deux options sont possibles :

  • Souscrire une assurance santé internationale privée, adaptée à son âge et à ses pathologies.
  • Payer les soins sur place (peu coûteux dans certains pays comme la Tunisie ou la Thaïlande, mais risque élevé en cas d’hospitalisation lourde).

Les retraités résidant à l’étranger ne bénéficient pas de la CMU ni de la Complémentaire santé solidaire.

En cas de retour temporaire en France, le droit aux soins est limité sauf urgence vitale. Il faut être réaffilié à la Sécurité sociale après 3 mois de résidence stable.

Démarches administratives avant le départ

Avant de partir s’installer à l’étranger, plusieurs démarches sont indispensables :

  • Informer toutes ses caisses de retraite (de base et complémentaires).
  • Contacter la CPAM pour demander le formulaire S1 (si pays européen).
  • Avertir les impôts de son changement d’adresse fiscale (formulaire 2042-NR).
  • Se renseigner sur les conditions de séjour : visa long séjour, carte de résident, assurance santé obligatoire.
  • Traduire certains documents officiels : acte de naissance, état civil, diplômes, etc.

Il est fortement conseillé de :

  • Domicilier un proche en France pour la réception du courrier administratif,
  • Conserver un compte bancaire actif en France pour les virements de pension.

Conditions de séjour à l’étranger

Chaque pays impose ses propres règles de séjour pour les ressortissants français retraités. Il est indispensable de :

  • se faire enregistrer auprès de l’ambassade ou du consulat de France,
  • disposer d’un titre de séjour dans la durée (visa retraité, carte de résident, enregistrement local),
  • fournir des preuves de revenus réguliers (souvent un montant minimum requis).

Exemples :

  • En Espagne : carte de résident UE après 3 mois de séjour.
  • Au Portugal : demande de NIF (numéro fiscal) obligatoire.
  • En Thaïlande : visa « O-A » retraité, minimum 65 ans, preuve de revenus mensuels ou dépôt bancaire local.
  • Au Maroc : carte d’immatriculation à renouveler tous les 3 ans, adresse locale exigée.
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Ces formalités peuvent prendre plusieurs semaines. Il est essentiel de les anticiper avant le déménagement.

Logement, fiscalité locale et transfert de patrimoine

Acheter un bien immobilier à l’étranger est souvent possible, mais il faut :

  • se renseigner sur le droit local (titres de propriété, copropriétés),
  • être prudent sur les frais de notaire, d’enregistrement et la revente éventuelle.

La fiscalité locale sur les biens immobiliers varie fortement d’un pays à l’autre :

  • taxe foncière,
  • impôt sur les plus-values en cas de revente,
  • droits de succession pour les héritiers étrangers.

Les conventions fiscales internationales ne couvrent pas toujours les droits de succession. Il peut être judicieux d’établir un testament local ou d’organiser sa succession via une assurance vie sous juridiction française.

Le rapatriement d’argent depuis l’étranger peut faire l’objet de contrôles ou de frais selon la devise. Il faut privilégier des pays avec un système bancaire stable.

Maintien de liens avec la France

Même à l’étranger, il est utile de maintenir certaines attaches en France :

  • conserver une adresse postale (chez un proche ou via un service de domiciliation),
  • garder une mutuelle complémentaire si vous prévoyez de revenir ponctuellement,
  • voter aux élections françaises (via le consulat),
  • maintenir une résidence secondaire si vous souhaitez revenir définitivement un jour.

Les retraités peuvent également revenir vivre en France et récupérer leurs droits, à condition de respecter les délais d’affiliation à la sécurité sociale et de résidence.

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