La réforme des retraites en pratique : tout savoir en 2025
Pourquoi une réforme des retraites en France ?
Le système de retraite français repose sur un principe de répartition : les cotisations des actifs financent directement les pensions des retraités. Ce modèle, mis en place après la Seconde Guerre mondiale, fonctionne tant que le nombre d’actifs est suffisant pour soutenir le nombre croissant de pensionnés.
Mais la démographie a changé : les générations du baby-boom partent à la retraite, la natalité diminue, l’espérance de vie augmente. Le nombre de cotisants par retraité baisse. Résultat : le système entre en déséquilibre financier. Pour l’année 2024, le déficit du régime général était estimé à plusieurs milliards d’euros. Sans réforme, le système risquait de ne plus pouvoir financer intégralement les pensions dans les années à venir.
Face à ce constat, le gouvernement a présenté une réforme visant à ajuster les règles du départ à la retraite, la durée de cotisation, et certains dispositifs spécifiques.
Les objectifs de la réforme
- Assurer l’équilibre financier du système à long terme
- Répartir l’effort de manière équitable entre générations
- Tenir compte de l’évolution des parcours professionnels
- Harmoniser certaines règles entre les régimes
Les principales mesures de la réforme
1. Relèvement de l’âge légal de départ à la retraite
L’âge légal de départ à la retraite, qui était fixé à 62 ans, est relevé progressivement jusqu’à 64 ans.
- Chaque génération voit son âge de départ reculer de 3 mois par an.
- Exemple : un assuré né en 1961 peut toujours partir à 62 ans, mais une personne née en 1965 devra attendre 63 ans.
- Le seuil de 64 ans s’appliquera pleinement aux générations nées à partir de 1968.
Cette mesure est destinée à maintenir un nombre suffisant de cotisants par rapport aux pensionnés.
2. Allongement de la durée de cotisation
La réforme confirme la montée en charge prévue par la loi Touraine de 2014 :
- Pour avoir une retraite à taux plein, il faut désormais cotiser 43 années (172 trimestres).
- Ce nombre de trimestres s’appliquera plus tôt que prévu : dès la génération 1965, et non 1973 comme initialement prévu.
L’objectif est de renforcer le lien entre durée de travail et montant de pension, tout en maintenant le principe de taux plein à 67 ans (âge d’annulation de la décote).
3. Carrières longues : départ anticipé maintenu et élargi
Le dispositif de départ anticipé pour carrière longue est conservé et même élargi. Il permet aux personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans de partir avant l’âge légal, à condition d’avoir validé suffisamment de trimestres.
- Départ possible à 60 ans si début de carrière à 20 ans ou avant.
- À 58 ou 59 ans, selon les cas, si la carrière a débuté très jeune (16 ou 17 ans).
- Une réforme du système de validation des trimestres en début de carrière est prévue pour simplifier les démarches.
4. Pénibilité : maintien des dispositifs spécifiques
Les critères de pénibilité au travail sont conservés. Certains salariés exposés à des conditions difficiles (travail de nuit, manutention, exposition à des produits toxiques, températures extrêmes…) peuvent partir plus tôt.
- Le compte professionnel de prévention (C2P) permet d’accumuler des points convertibles en départ anticipé ou en formation.
- Des ajustements sur les critères de pénibilité sont en cours de discussion.
5. Revalorisation des petites pensions
La réforme prévoit une augmentation des pensions minimales, notamment pour les personnes ayant une carrière complète au SMIC ou en situation proche.
- Montant minimum garanti autour de 1 200 € brut/mois pour une carrière complète à temps plein au SMIC.
- La mesure concerne aussi les retraités actuels sous conditions.
- Cette revalorisation est progressive, avec effets étalés sur 2024 et 2025.
6. Suppression des régimes spéciaux
Les régimes spéciaux de certains secteurs (SNCF, RATP, industries électriques et gazières, Banque de France, etc.) sont progressivement fermés pour les nouveaux entrants.
- Les agents déjà en poste conservent leurs droits selon les anciennes règles.
- Les nouveaux recrutés à partir de septembre 2023 sont affiliés au régime général.
Cette harmonisation vise à réduire les écarts entre les régimes et à simplifier le système global.
Entrée en vigueur de la réforme
La réforme est entrée en vigueur le 1er septembre 2023, avec un calendrier d’application progressif jusqu’en 2030.
- Les personnes proches de la retraite ne sont concernées que partiellement.
- Chaque génération voit ses règles modifiées de manière étalée.
- L’impact dépend du mois de naissance, du nombre de trimestres validés, du type de carrière (longue, pénible, hachée).
Qui est concerné ?
- Les salariés du privé, fonctionnaires, indépendants, agriculteurs, professionnels libéraux sont tous concernés, à différents degrés.
- Les personnes déjà à la retraite ne sont pas concernées par les changements d’âge ou de durée, mais bénéficient des revalorisations éventuelles.
- Les futurs retraités entre 2024 et 2030 doivent vérifier leur situation personnelle : nombre de trimestres validés, âge de départ possible, impact sur les pensions complémentaires.
Effets concrets pour les retraités actuels
Pas de modification de l’âge de départ
Les personnes déjà à la retraite conservent l’ensemble de leurs droits. Leur pension ne sera pas recalculée, leur âge de départ n’est pas modifié rétroactivement.
Revalorisation possible
- Certains retraités bénéficient d’une revalorisation de leur pension minimale, sous conditions (carrière complète, durée, niveau de cotisation).
- D’autres peuvent bénéficier d’aides complémentaires ou de mesures d’ajustement (notamment pour les petites retraites agricoles ou les polypensionnés).
Points de vigilance
Effet sur les pensions complémentaires
- Les pensions complémentaires (Agirc-Arrco pour les salariés du privé) ne relèvent pas directement de la réforme.
- Mais elles peuvent être impactées indirectement : prolongation de carrière, nombre de points acquis, report de départ.
Inégalités selon les carrières
- Les carrières hachées, les temps partiels, les intermittences peuvent rendre plus difficile l’atteinte des 172 trimestres.
- Les femmes, les aidants familiaux, ou les personnes ayant alterné chômage et activité sont plus exposés à une pension réduite si elles partent avant l’âge d’annulation de la décote.
Délais administratifs allongés
- Le volume de demandes de retraite a fortement augmenté depuis l’entrée en vigueur de la réforme.
- Les délais de traitement (notamment pour les relevés de carrière et la liquidation) sont plus longs dans certaines caisses.
- Il est recommandé d’anticiper au moins 6 mois avant la date de départ souhaitée.
Ce qui ne change pas
- Âge d’annulation de la décote maintenu à 67 ans, quelle que soit la durée de cotisation.
- Minimum contributif toujours applicable selon les règles existantes.
- Possibilité de retraite progressive conservée pour les salariés et les fonctionnaires, sous conditions.
- Cumul emploi-retraite possible, selon des règles spécifiques.
Ce qui reste à surveiller
Ajustements budgétaires
- Selon les prévisions financières à venir, certaines dispositions (comme les revalorisations, exonérations, ou crédits d’impôt liés à l’âge) pourraient être ajustées dans les lois de finances successives.
Négociations sur les retraites complémentaires
- Les partenaires sociaux doivent renégocier l’évolution du régime Agirc-Arrco. Certaines propositions incluent un gel des pensions complémentaires ou une modification des points acquis.
Évolutions sur la pénibilité
- Des révisions sont envisagées sur les critères de pénibilité, avec éventuellement un renforcement du droit à formation ou à reconversion pour les métiers les plus exposés.




























