Cette réforme méconnue va impacter 1 million de retraités dès 2026

Cette réforme méconnue va impacter 1 million de retraités dès 2026

Un gel silencieux des retraites complémentaires

Dès le 1er novembre 2025, une mesure discrète mais lourde de conséquences entrera en vigueur : l’absence de revalorisation des pensions complémentaires versées par le régime Agirc-Arrco. Cette décision, prise en octobre 2025 par les partenaires sociaux gestionnaires du régime, signifie que les pensions complémentaires resteront figées à leur niveau de 2024.

Aucune hausse ne sera appliquée pour compenser l’inflation. Cette stagnation, dans un contexte de hausse continue du coût de la vie, pourrait avoir un effet réel sur le budget des retraités concernés. Or, cette réforme, bien que validée, reste encore peu connue du grand public.

Pourtant, elle touchera potentiellement plus d’un million de retraités de façon directe dès janvier 2026, et des millions d’autres à moyen terme, en affaiblissant la progression naturelle des pensions.

Qui est concerné par ce gel des retraites complémentaires ?

Le régime Agirc-Arrco concerne tous les anciens salariés du secteur privé. En 2025, près de 13 millions de retraités perçoivent une pension complémentaire issue de ce régime. En pratique, le gel de la valeur du point de service du régime complémentaire affectera toutes les pensions en cours de versement.

Cependant, les plus exposés sont :

  • Les retraités dont la pension complémentaire représente une part importante de leurs revenus (souvent 40 à 60 % pour les cadres et certains salariés du privé).
  • Les retraités modestes, pour qui une perte de pouvoir d’achat de quelques dizaines d’euros par mois peut fragiliser l’équilibre budgétaire.
  • Les nouveaux retraités de 2025, qui verront leur point d’entrée dans le système figé pour au moins un an.
  • Les conjoints survivants percevant une pension de réversion complémentaire.

Les retraités de la fonction publique, les indépendants ou ceux affiliés à d’autres régimes spéciaux ne sont pas concernés par cette décision, sauf s’ils perçoivent également une pension complémentaire du privé suite à une carrière mixte.

Voir aussi  Le ménage à domicile pour les seniors : une solution pratique et sécurisée

Pourquoi ce gel a-t-il été décidé ?

La décision provient du conseil d’administration de l’Agirc-Arrco, composé des partenaires sociaux : syndicats et organisations patronales. Le régime, bien qu’excédentaire en 2024, a justifié cette décision par :

  • L’absence d’accord formel entre les partenaires sociaux sur la revalorisation annuelle.
  • La volonté de préserver les équilibres financiers à long terme, dans un contexte de tensions démographiques.
  • La prudence face à l’incertitude économique (inflation, ralentissement, emploi).

Ce gel est prévu pour une durée d’un an, mais rien ne garantit qu’une revalorisation sera appliquée en 2026. Cela rend la mesure d’autant plus critique pour les retraités concernés.

Impact budgétaire concret pour les retraités

Prenons plusieurs cas types pour mesurer l’effet d’un gel des complémentaires.

Exemple 1 : retraité non-cadre avec complément modeste

  • Pension de base : 950 €/mois
  • Complémentaire Agirc-Arrco : 300 €/mois
  • Total : 1 250 €/mois

Une revalorisation annuelle classique autour de 4 % aurait permis une hausse de 12 € par mois. Avec le gel, ce montant est figé. Sur l’année, la perte est d’environ 144 €, soit plus d’un mois de courses.

Exemple 2 : ancien cadre moyen

  • Pension de base : 1 100 €/mois
  • Complémentaire : 900 €/mois
  • Total : 2 000 €/mois

Sans revalorisation, perte de 36 € par mois (hypothèse 4 %). Sur un an : 432 €.

Exemple 3 : couple de retraités

  • Pension totale cumulée : 2 800 €/mois dont 1 300 € de complémentaires
  • Perte annuelle estimée : 624 € (environ 52 € par mois)

Pour les retraités disposant de faibles marges de manœuvre budgétaires, ces montants peuvent avoir un effet direct sur l’alimentation, l’énergie ou les dépenses de santé.

Pourquoi cette réforme est méconnue ?

Faible couverture médiatique

La décision a été prise discrètement et sans vote public. Contrairement à la réforme des retraites de 2023 qui avait mobilisé l’opinion, celle-ci est passée presque inaperçue. Les communiqués sont restés techniques, peu repris par la presse généraliste.

Voir aussi  Mutuelle senior : l’importance de l’assistance et des services à domicile pour bien vieillir

Confusion entre pension de base et complémentaire

Beaucoup de retraités ne distinguent pas clairement les composantes de leur pension. Lorsqu’un montant est versé mensuellement, il apparaît comme une somme unique. Le détail entre retraite de base, complémentaire, majorations, ou réversion n’est pas toujours bien identifié.

Mesure “invisible” dans un premier temps

Le montant versé reste stable. Il ne baisse pas. Il est simplement “gelé”. Or, ce type de stagnation est perçu comme une non-mesure, alors qu’elle correspond à une baisse de pouvoir d’achat réelle dans un contexte d’inflation.

Pas d’effet immédiat sur les feuilles de pension

Les retraités ne verront pas leur pension diminuer sur les relevés mensuels. Ils verront simplement que rien n’augmente, contrairement aux années précédentes. Ce décalage rend la prise de conscience plus lente.

Des effets cumulés avec d’autres mesures

Risque de gel de la pension de base

La loi de finances pour 2026 envisage un gel partiel ou total de la revalorisation des pensions de base au-delà d’un certain seuil de pension. Une pension supérieure à 1 400 € brut mensuel pourrait ne pas bénéficier de la revalorisation annuelle indexée sur l’inflation.

Cela signifie que certains retraités, notamment les classes moyennes, subiraient un double gel : base + complémentaire.

Hausse des charges incompressibles

Pendant ce temps, le coût de la vie augmente :

  • Alimentation : +8 % sur deux ans
  • Mutuelle santé : +4 à +6 % attendus en 2026
  • Énergie : rehausse possible du tarif réglementé d’électricité
  • Logement : hausse des loyers encadrés mais toujours active dans les zones tendues

Autant de postes sensibles pour des retraités souvent propriétaires de leur logement mais confrontés à des charges croissantes.

Voir aussi  Livraison de courses à domicile : un levier pratique pour mieux manger

Existe-t-il des recours ou alternatives ?

Pas de contestation individuelle possible

Le gel des pensions complémentaires est une mesure collective, décidée par les instances de gouvernance du régime. Aucune réclamation individuelle n’est recevable. Il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’une décision de gestion.

Éligibilité à des aides complémentaires

Certains retraités impactés par le gel peuvent devenir éligibles à :

  • L’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA)
  • Des aides locales (aides au chauffage, portage de repas, exonération de taxe foncière)
  • Des aides au logement pour locataires ou personnes en résidence services
  • Des réductions sociales (transport, mutuelle, téléphonie)

Possibilité de demander un rendez-vous social

Il est recommandé aux retraités modestes de prendre contact avec :

  • Le Centre communal d’action sociale (CCAS)
  • La caisse de retraite
  • Une assistante sociale départementale

Objectif : réévaluer les droits en fonction des revenus actualisés post-gel.

Ce qu’il faut anticiper pour 2026

Maintien du gel ?

Le gel n’est actuellement prévu que pour un an. Cependant, en l’absence d’accord de revalorisation en 2026, il pourrait être prolongé. Le prochain conseil d’administration Agirc-Arrco se réunira à l’automne 2026 pour statuer sur la valeur de service du point.

Période de transition défavorable

2026 pourrait ainsi devenir une année de transition financière tendue pour les retraités :

  • Revenus stables ou en légère baisse (en euros constants)
  • Charges en hausse
  • Incertitudes fiscales (CSG, réformes en discussion)
  • Baisse du rendement des produits d’épargne (livret A, assurance vie)

Conséquences indirectes

Les retraités aidants familiaux, les personnes âgées dépendantes ou vivant seules pourraient être les premières victimes d’un effet domino : fragilité financière → réduction des soins → isolement → perte d’autonomie plus rapide.

Pour aller plus loin...